La couleur générale du mâle est difficile à définir car elle n'est pas très tranchée et variable suivant l'humeur du poisson. Le fond est brun verdâtre sur le dos avec des reflets bleus à violets sur les flancs ; le ventre est blanchâtre. Ce qui tranche le plus, c'est la ponctuation rouge, très dense dans la partie antérieure et alignée en bandes verticales obliques vers l'arrière du corps.
Les nageoires sont jaunâtres ponctuées de rouge ; la caudale s'orne dans sa partie inférieure, d'une bande marginale jaune orangé suivie d'une bande submarginale rouge.
La femelle est gris brun avec une ponctuation rouge diffuse et très atténuée.
L'espèce est variable aussi bien entre les différents points de pêche qu'au sein d'une même population. Les variations portent sur l'intensité de la ponctuation rouge du corps, la largeur des bandes verticales et le patron des nageoires anales et caudales.
Comportement
C'est un poisson timide que l'on voit rarement. Chez les jeunes poissons élevés ensemble, nous n'avons jamais noté d'agressivité excessive entre mâles et les femelles ne semblent pas malmenées lors de la reproduction
Maintenance et élevage
Maintenance :
C'est un poisson plutôt calme. Le poisson semble tolérant vis à vis des qualités physico-chimiques de l'eau pour autant qu'elles ne soient pas extrêmes et qu'elles restent stables. Comme pour beaucoup d'espèces annuelles ou semi-annuelles, il faut éviter des changements d'eau trop brutaux.
Nos poissons sont maintenus dans une eau de 10 à 15° français de dureté pour un pH aux environs de la neutralité (pH 7). La température doit être maintenue entre 23 et 25°C. Plus de chaleur ne nuit pas aux poissons mais il faut éviter de descendre en dessous de 23°C, surtout avec les alevins sinon gare à l'Oodinium...
Nourriture :
variée, mais de préférence vivante.
Reproduction :
Pour la reproduction, mieux vaut isoler un couple ou un trio dans un bac de 10 à 30 litres avec filtre d'angle, mousse de Java et une bonne poignée de tourbe pulpeuse bouillie dans un coin. Les poissons ne s'enfouissent pas pour pondre. Les œufs sont très petits et pondus en abondance tout au long de la vie des poissons qui n'excède pas un an et demi.
Elevage des alevins :
Les jeunes, abondamment nourris, grandissent vite et atteignent à 2 mois une taille de 1 à 2 cm. Les sexes sont alors faiblement discernables. Ils commenceront à pondre vers l'âge de 3 mois.
Comme pour Fp. filamentosus, les alevins sont très sensibles à l'Oodinium. La prévention passe par une propreté très stricte du bac d'élevage, une température élevée (au moins 25°C) et une bonne eau légèrement salée (une cuillère à café pour 5 litres d'eau, soit environ 2 g/litre).
Incubation :
La tourbe est recueillie tous les mois et asséchée comme pour tous les annuels à la consistance "tabac humide". Elle est conservée dans des sacs plastique gonflés d'air comme pour le transport des poissons (environ 2/3 de tourbe pour 1/3 d'air).
Pour la population de Yoke, les œufs pondus par les sauvages ont éclos au bout d'un mois et demi. La durée s'est ensuite considérablement accrue puisque les F2 et les générations suivantes ont éclos en 3 en 4 mois (à 22 °C). Comme pour beaucoup d'espèces voisines, il semble que l'on contrôle mal les différentes diapauses et les éclosions sont souvent faibles et irrégulières.
Des mises en eau successives suivies de ré assèchements tous les mois à partir de 3 mois sont souvent plus payantes.
Origine géographique
On trouve l'espèce dans la plaine côtière à l'ouest du Cameroun.
Radda a fait sa description à partir de la population de M'Bonge mais on retrouve le poisson un peu partout aux alentours et notamment à Yoke (Chauche-Poliak-Tanaka, 1984) et Malende (Amiet, 1984). Dans cette dernière localité, il est sympatrique de Fp. schwoiseri.
Ecologie : On rencontre Fp. rubrolabialis dans les annexes des marigots et principalement dans les trous d'eau temporaires généralement asséchés à la saison sèche (janvier, février). A Malende, on rencontre l'espèce dans les "trous à sable", biotopes artificiellement creusés par l'homme.
Bien que s'asséchant régulièrement, les biotopes de Fp. rubrolabialis communiquent avec les marigots voisins à la saison des pluies. De ce fait, on peut trouver également en sa compagnie des espèces non annuelles comme C. splendopleure et Epiplatys sexfasciatus.
• A.C. Radda et E. Purzl : Killifische aus aller welt Band 2.
• C. Petit : Etude aquariophile des Fundulopanchax, supplément au K.R. Nº 4/82.
Génétique
Données méristiques: D = 17-18 ; A = 18-19 ; D/A = - 3 ; LL = 27-28 +2 Caryotype: n = 22 ; A = 30 Position systématique: Fp. rubrolabialis fait partie du sous-genre Paludopanchax, Radda, 1977. Les espèces du même sous-genre sont : Fp. Arnoldi (Boulenger,1908), Fp. filamentosus (Meinken, 1933) et Fp. Robertsoni (Radda & Scheel, 1974). Fp. robertsoni, décrit par Radda et Scheel en 1974 est très proche de Fp. rubrolabialis à tel point qu'on peut se demander si l'espèce doit être valablement reconnue ou s'il ne s'agit que d'une morphe de rubrolabialis. En effet, elle n'a été décrite qu'à partir d'une seule population qui n'a pas été, semble-t-il, retrouvée par la suite. De plus, ni le nombre de chromosomes (n = 20 à 22 pour Fp. rubrolabialis et n = 21 pour Fp. robertsoni) ni les données méristiques ne permettent de séparer à coup sûr les deux espèces. Les différences sont basées uniquement sur le patron de coloration : couleur bleue plus vive et bandes transversales plus larges chez Fp. Robertsoni. Signalons également que la localité type de Fp. robertsoni (1 km au nord de Bolifamba) est incluse dans l'aire de répartition de Fp. rubrolabialis. Les individus ramenés en 1984 de Yoke par Chauche, Poliak et Tanaka avaient été à l'époque nommés Fp. robertsoni au vue de leur patron de coloration. Cependant, les individus F1 avaient perdu les caractères de robertsoni et ressemblait tout à fait à des rubrolabialis... Fautes de preuves formelles, il nous a paru plus sage de les diffuser sous le nom de Fp. rubrolabialis Yoke.
Conclusion
Une très belle espèce, un peu timide cependant et qui présente des difficultés au niveau de l'incubation des œufs. D'où une certaine rareté dans nos bacs.
AUTEURS : S. MALLET, V. MONTIEL et M. GALLUSER